Lorsque de retour de Croatie printemps 2005 , nous avions parler de cette histoire à une copine Calabraise (en stoppant "Bad-Mobile" à coté de chez elle) nous avions abordé le sujet du sexe dans ce type d'histoire, pour elle avec son accent Italien:"Bien sur ll fallait inclure des scène de sexe".
J'ai essayé , c'était pas terrible ,donc désolés les gars et les filles il n'y en aura pas , j'aurais du demander à la Cala-BRAISE de les écrire
- Pourquoi n’as-tu pas acheté un caniche nain ? M’interroge Blaise haletant, alors qu’enfin Léo repose sur le pont de Grotesque. Je ne réponds pas cherchant mon souffle. A regarder Léo qui nous observe sous ses sourcils levés, je suis de voir luire une lueur narquoise dans ses prunelles.
- Qu’est ce que vous voulez manger ce soir : spaghettis Bolognaises, ou tripes à la mode de Caen ? Demande Claudie.
- Aaaah ! Tu n’as pas quelque chose de plus, enfin de moins évocateur.
- Chochottes, bon ! Aussi cuisses de canard.
- Ca roule, articulai je péniblement.
Alors que je me glisse le long de l’échelle de bain pour me laisser porter par cette eau tiède des tropiques, j’entends Blaise décréter :
- Rhum pour les combattants !
Oui, les combattants ; deux fois, nous avons eu beaucoup de chance mais les tropiques sont décidément bien trop fréquentés pour notre sécurité, malgré leur nombreux avantages, température constante, légumes et fruits toute l’année, plage et piscine…le paradis, mais trop mal fréquenté. Gaëlle me ramène à la réalité d’une simple question qui me fait dresser les cheveux sur la tête :
- Tu crois qu’ils ont assez mangé ?
Lorsque je m’assois dans le cockpit de pêche, Gaëlle remarque malicieusement :
- C’est rassurant, je t’effraye moins que les Jean Louis.
- Non, c’est juste qu’il est sorti sans réfléchir, précise Blaise en me tendant un cognac.
Tous les sept, assis sur le pont autour de Léo, nous savourons l’instant magique du crépuscule que nous avons failli ne jamais voir. Profiter du spectacle, de mes compagnons, je les observe un par un en sirotant ce vieux cognac sorti pour l’occasion. Dans les yeux d’Henrique s’est rallumé la flamme de la confiance en soi ; malgré sa fatigue, il se tient plus droit, fier d’avoir montré à tous, surtout à Isabelle, ce dont il était capable.
Isabelle, qui semble boire ses paroles parait beaucoup plus âgée qu’il u a seulement quinze jours, sans doute le régime spécial concocté par Muriel. Je remarque à l’intention d’Isabelle :
-Ton bronzage est vraiment…
- Ce n’est pas que du bronzage, ma grande mère maternelle était indienne de Pondichéry.
- Ça explique la tignasse superbe constate Muriel.
- Et solide, ajoutai-je.
- J’ai cru qu’il m’arrachait le peau du crâne, s’exclame Isa.
Avant de résumer notre «petit » problème avec le colosse.
- Montre ton cou à Gaëlle, me conseille Claudie.
- Mon quoi ? Tentai je de plaisanter.
Ce soir, même les très mauvaises plaisanteries sont prétextes à rire, rire pour la vie, rire pour se sentir vivant.
Ma main droite gratouille Léo derrière l’oreille gauche (sa préférée) alors que de la gauche j’essuie mes yeux qu’un fou rire idiot ont fait pleurer. Gaëlle s’approche et éclairant mon cou lâche :
- A quand même, il devait être balaise ?
- Un monstre, renchérit Isabelle.
Palpant mon larynx douloureux, Gaëlle me nargue :
- Douillet ?
- C’est rien de le dire, confirme Claudie.
- Pense à autre chose, me conseille Gaëlle en laissant glisser son regard vers son décolleté qu’elle à vertigineux. Dans la lueur de la torche, j’aperçois le piercing de son nombril.
- Vaut mieux pas, intervient Claudie, sinon il va nous péter une durite.
Blaise volant à mon secours, annonce :
- J’ai un an de plus que Patrick et je peux résister au pire des spectacles…
- Au pire des spectacles ! S’insurge Muriel.
- Mais je ne parlais pas de toi, chérie.
- De moi peut être ? Menace Gaëlle.
Blaise, battant en retraite, remarque à mon intention.
- Tu as raison Patrick, tu n’aurais pas du l’appeler Grotesque mais les Jeannes.
- Les comment ?
- Une femme du 14e siècle qui, pour venger l’exécution de son mari, est devenue pirate et a commandé jusqu’à trois navires, raconte Claudie,
Avant d’ajouter à l’intention de Gaëlle :
- Bon, tu ne vas pas lui compter tous les poils de la Barbe !
Essayant de détourner la conversation, j’interroge Blaise :
- Tu te laisses pousser la barbe ?
- Pas le choix, j’ai jeté mon dernier jetable alors…
- Moi, j’ai sacrifié mon dernier pour raser Léo avant de le recoudre ; maintenant, je vais être obligée d’entamer un dur combat avec pour toute seule arme ma pince à épiler, ajoute Gaëlle.
- Vu la taille de tes maillots, tu risques de perdre le combat, remarque Blaise.
- C’est le cognac qui le rend égrillard ou…
Interrompant Gaëlle, Muriel précise :
- Oh non ! Il est comme un gros célèbre : il est tombé dedans quand il était petit et depuis…
- Depuis il est comme tous les hommes, il ne pense qu’à ça, tous des obsédés, conclut Claudie.
Me tournant vers Blaise, je constate :
- C’est notre fête ce soir,
avant de continuer à l’intention de la gent féminine :
- Parce que vous, Non ?
Le cri du cœur jaillit entre les lèvres de Gaëlle suivi d’un soupir lourd de sens :
- Oh, moi si !
Un ange s’enfuit outré devant cet aveu spontané.
- Bon, si on s’occupait plutôt des canards ?
Léo adora le repas. Chaque manchon ayant sa peau, qu’habitude de vie dans un pays riche du 21e siècle personne ne mange. Léo se vit donc attribuer un repas supplémentaire fait d’une bonne douzaine de peaux bien grasses, il nous remercie comme à son habitude d’un fort joli rot bien sonore.
- Ton chien est vraiment mal élevé, note Muriel.
- Il faut bien qu’il s’exprime et c’est Patrick qui a déteint dessus ! S’empresse de le défendre Claudie.
- Oh, décidément, c’est ma fête, je préfère noyer mon chagrin dans l’alcool, concluai-je en savourant un
«Lalande Pomerol » sacrifié pour l’occasion.
- Pas près d’en racheter un comme ça, remarque Blaise nostalgique, plus de chicots, un jour ou l’autre plus de Bordeaux, tous les plaisirs disparaissent.
- Pas tous, rectifie Muriel, les yeux pétillants, pas tous chéri.
- C’est Blaise ou toi qui est tombé dedans tout petit ? La taquine Claudie.
- Tous les deux, viens chéri, on va se reposer, laissons les médire sur notre libido.
Blaise, vaincu ou intéressé, suit sa femme sur le chemin de leur cabine…
Pendant que Claudie aidée de Gaëlle et d’Isabelle dessert, Henrique, après m’avoir salué regagne en claudiquant sa place favorite sur l’avant de la timonerie, payant visiblement ses exploits d’aujourd’hui.
Je reste seul, sirotant très lentement mon Bordeaux, m’imprégnant de cette saveur pour m’en souvenir longtemps, le plus longtemps possible.
Ma main droite caresse Léo qui joue maintenant pleinement son rôle de grosse peluche rassurante, comme le disait Muriel tout à l’heure : - A le voir ainsi, gros nounours affalé, on ne se douterait pas que ce matin, en un instant, il s’est mué en un fauve près à tuer ou à se faire tuer pour me défendre.
- Toi aussi, ton caractère intéresserait les psychiatres, hein mon gros !
- Patrick, tu parles au chien, me demande Isabelle sur le chemin de la timonerie.
- Pas toi ? Tu verras en vieillissant…Je ne suis pas encore à dire : «hein le fifils à son papa, il va donner sa papatte…», mais je crains qu’un jour ça m’arrive.
- Ca voudrait dire que tu as eu de drôles de fréquentions, pouffe Claudie en me rejoignant.
Elle reprend :
- Ben, ton verre, tu espères le finir quand ?
- En 2003, Claudie, jusqu’en 2003.
- Faut pas rêver, cela te fera 496 ans environ.
Assis côte à côte à l’arrière de Grotesque avec Léo, nous regardons ce ciel étoilé.
- Nous aurions pu être un moment plus tôt ou plus tard, continue Claudie en faisant allusion à la journée des Sphères.
La plainte haletant de Muriel parvient jusqu’à nous, hymne au désir, douce musique du plaisir, vibrant cri de douceur.
- Pour elle, c’est le moment.
- C’est beau, murmure Claudie.
- Elle est presque en rythme avec le clapotis sur la plage, notai je plus mer à mer.
- Elle est surtout très bruyante, remarque Gaëlle qui nous rejoint les bras chargés de couverture.
Elle ajoute :
- C’est pour vous, je présume que vous restez avec Léo.
- Oui, merci.
- Moi, j’ai battu en retraite devant un tel déferlement, Muriel se lâche vraiment ce soir. Il y a quoi dans ton vin ?
Faisant mine de regarder le fond de mon verre à la lueur des étoiles, je précise :
- Du raisin, que du raisin, enfin j’espère…plus tout le reste se terminant en IDE,fongicide,pesticide…
Devant la mélopée qui reprend crescendo, Gaëlle a un geste agacé :
- Ah tu vois, ça t’agresse !
- Je n’ai pas dit que c’est désagréable mais pour moi ça souligne un manque et et…
Sautant du coq à l’âne, elle demande :
- Je peux rester avec vous ?
- N…
- Oui, me coupe Claudie.
Après ce qu’elle vient de dire, autant inviter une grenade dégoupillée à s’asseoir à côté de nous. Surtout que la grenade en question s’allonge à côté de Claudie et pose sa tête sur ses cuisses. Au lieu de lui faire remarquer que Grotesque est grand, Claudie se contente de lui caresser les cheveux comme pour endormir une gamine, montée en graine.
Le tableau me rappelle un titre : « Femme et chatte», je crois même entendre ronronner Gaëlle, mais non elle se contente de sourire aux étoiles et semble s’endormir par magie.
Observant à ma droite Léo qui ronfle et à la gauche de Claudie Gaëlle qui soupire, je ne peux m’empêcher de remarquer :
- Je ne savais pas que nous avions un couple !
Alors que Claudie pouffe, un filet de voix sort entre les lèvres entrouvertes de Gaëlle :
- Insinuerais tu que je suis qu’une chienne lubrique ?
- Tu sais, je suis athé, pour moi il n’y a ni chien d’hérétique ni chienne lubrique et puis surtout tu n’es pas encore assez poilue…
- Salaud !
- Idiot !
(A VOIR).
- Ptit déjeuner !
Gaëlle faisant assaut de prévenance nous réveille aux aurores avec un plateau copieusement garni.
- Tu veux nous engraisser ? Interroge Claudie.
- As-tu oublié que nous avons du terrassement à faire ?
- Oh la corvée ! Articulai je péniblement, le larynx douloureux.
Pour sur, c’est une corvée, la victime de Léo portée de la piscine à la plage puis chargée sur zozo, nous pataugeons tous vers l'extrémité ouest de notre îlot et la macabre besogne qui nous attend. Seul, Henrique qui paie ses exploits de la veille et Claudie qui dorlote Léo sont restés à bord de Grotesque.
Cela pourrait être une ballade sympa. D’ailleurs, c’est une ballade sympa à bien y réfléchir, Muriel et Gaëlle sont radieuse, Moustique qui, la pelle à neige sur l’épaule, rit de bon cœur à l’humour noir que déploie. Blaise pour nous donner du cœur à l’ouvrage, le décor est superbe dans ce début de journée presque pas de vent…
(A DECRIRE)
- C’est superbe, dommage que cela soit si peu tranquille, confesse Muriel.
- Moi, je trouvais cela beaucoup trop calme… pendant quatre ans, modère Moustique.
Superbe, sauf que les corps qui nous attendent se font de plus en plus distincts.
Gaëlle remarque :
- Pas eu de petits lutins pour faire la sale corvée, cette nuit.
La sale besogne commence par la remise à flot du canot intact et par son chargement, alors que nous mettons à l’écart arquebuses, épées, ceintures. Blaise constate :
- Nous allons devenir des détrousseurs émérites à ce rythme là.
- Faudrait pas que cela devienne une habitude, tempérai-je.
Gaëlle qui retourne le cadavre en partie défroqué pour mieux le saisir aux épaules, s’exclame :
- Oh la vache ! Qui lui a fait ça ? En désignant le milieu du corps.
- Euh, fallait bien se défendre, se justifie Muriel, gênée.
- Dis donc, tu as une sacrée mâchoire Chérie, je serais toujours gentil avec toi, promet Blaise.
- Dégonflé, lançai je narquois.
- Dégonflé, tu peux le dire, j’ai retrouvé le morceau manquant, il devait être fier avant Muriel ?
- Un peu trop à mon goût, précise t-elle.
Finalement, les seize corps sont entassés à bord du canot tracté par zozo pour leur dernière traversée vers l’îlot ouest.
Seuls, Blaise et moi sommes restés à bord avec les dépouilles, ramant afin d’aider zozo qui tire fièrement tout seul devant conduit pas Isabelle.
Muriel et Gaëlle ont déjà pris pied et accompagnent notre laborieuse progression le long de la plage dorée pas encore écrasée de soleil.
- D’ici çà fait un chariot de la terreur de retour de guillotine, nous crie Muriel.
- Mais ils ont tous leur tête, rectifie Blaise.
Arrivant à hauteur de mon assaillant d’hier, Moustique stoppe et l’étrave du canot crisse doucement sur le sable humide.
- Belle musculature, remarque Muriel.
- Merci, chérie, répond Blaise en ergotant ;
- Mais non, lu précise son épouse en indiquant l’étrangleur étranglé.
- Sans Moustique…soufflai-je.
Empoignant la pelle à neige, Muriel s’attaque à la partie la plus physique de la corvée : la fosse.
Blaise, ayant calculé que nous économiserions près de 30 % à ne faire qu’une fosse commune, les dix sept gaillards se tiendront compagnie pour l’éternité.
Quatorze tonnes de sable ; plus loin, nous avons une fosse d’environ huit mètres de long sur 1,80 mètre de large et 0,50 de profondeur, des ampoules à tous les doigts et perdu un gros paquet de calories.
- Imaginez la scène : nous rencontrons des amis : « chériiie ! Comme tu as minci, tu as fait de la thalasso? Non, non ! J’ai fait dans la fosse commune » mime Blaise.
- Dire que dans quatre siècles, les touristes rôtiront doucement sur cette sépulture imprévue.
- «…vos amours font jouir mes os décomposés...» Je cite cette phrase qui m’est revenue à l’esprit.
- Autant prendre son pied de son vivant, assène Gaëlle en contemplant mon orteil gauche d’un oeil amusé et lubrique.
Devant l’incompréhension de Blaise, je lui souffle un :
- Je t’expliquerai, évasif.
Alors que nous installons le dernier corps, la VHF crache un :
- Alors, vous en êtes où? Inquisiteur de Claudie.
- Encore deux heures, faut reboucher, répond Muriel laconique.
Effectivement, deux heures plus tard, alors que nous tapotons doucement le tumulus du dos de la pelle, nous pouvons pousser un ouf de soulagement.
" Seuls les paranoïaques survivent "